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Niko powa!!
26 octobre 2008

BEVAR CHRISTIANIA ***

Christiania est définie comme la « Commune libre » de Copenhague (Danemark), auto-gestionnaire et fondée en septembre 1971 sur le terrain de la caserne de Bådmandsstræde par un groupe de squatters, de chômeurs et de hippies, est une rare expérience libertaire historique toujours en activité au Nord de l’Europe.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Christiania_(Danemark)

En week-end au Danemark, alors que je n'avais jamais entendu parler de Christiania -bah oui, je ne suis pas toujours aussi culturé que certains ;) - mon amie Christine nous a proposé de marcher vers la place du Palais de Justice de Copenhague pour aller voir l'exposition photo publique de Charlotte Oestervang sur les habitants de Christiania.

Ces portraits, dont certains sont ici postés, étaient incroyablement... forts. Emouvants, dérangeants parfois et aussi un peu "provocants", mais toujours emprunts d'une sensibilité particulière, que je peine à définir...

L'expo était sur la place devant le Palais, avec des photos un peu plus hautes que grandeur nature, affichées sur des murs qui semblaient communiquer comme par un jeu de mirroir déformant. Je veux dire que les portraits qui se faisaient face semblaient se répondre, prolonger une idée exprimée par une autre photo (comme l'arrogance de la jeunesse, la nudité du corps) ou à l'inverse exposer son contraire (la malice de la vieillesse, la nudité de l'âme).

En voici donc quelques unes:

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Charlotte Oestervang a passé plusieurs années là-bas pour prendre ses portraits, et essayer de saisir l'essence de cette expérience unique qu'est Christiania. Des gens qui ont décidé de n'appartenir qu'à eux-mêmes. Qui se refusent à rendre des comptes à l'état, et qui ont décidé de vivre quasiment en autarcie.

Seulement, depuis 1971, les choses ont bien entendu évolué -car les idées commes les hommes ont une vie et se doivent d'évoluer pour continuer d'exister- et Christiania n'est plus autant détachée de la vie danoise, avec notamment une députée christianite au Parlement!

Et depuis 2007, la zone a officiellement perdu son statut de communauté alternative. Il faut dire aussi que comme me le faisait judicieusement remarquer mon amie danoise, c'est bien beau d'être libre et de refuser de payer les impôts, mais quand on a besoin de la sécu payée par tous, là c'est différent...

Mais continuons la visite!

Je suis donc allé à Christiania hier après-midi, qui se trouve à 5 km seulement du centre de Copenhague et j'ai été bien entendu bluffé. Il s'agit d'une ancienne caserne mais seules les fondations des murs peuvent attester de cette filiation tellement les bâtiments sont taggés, peinturlurés et arrangés de multiples décos.

On voit de la faïence faire office de paillasson, des toilettes reconverties en pots de fleurs, des arbres tailladées pour avoir un curieux aspect "art moderne", des murs recouverts pour moitié de lerre et pour moitié nus, etc... la musique est forte aussi et semble de venir d'un peu partout, et l'on peut se poser à un resto "bio" ou boire une bière light dans un café où les tables et l'ensemble du mobilier sont faits main.

Naturellement, Christiania sait très bien l'attrait touristique qu'elle peut susciter et on trouve pas mal de stands de T-shirts, de sweats avec le drapeau de la commune:

180px_Flag_of_Christiania_svg

On peut même maintenant aller sur leur site web, et découvrir aussi leur artisanat.

A côté de tout ça, le vrai et gros problème de Christiania est la drogue. Des batailles rangées dans les 90s ont eu lieu pour en finir avec le commerce de drogues dures, mais celui du shit est clairement revendiqué et on peut trouver des stands où des pleines barettes sont exposées comme des poissons frais au marché.

Ainsi, n'importe quel jeune de Copenhague n'a qu'à marcher un peu pour se fournir, et en creusant un peu, il semble évident qu'on peut très certainement trouver du matos un peu plus lourd...

Christiania est donc gangrénée par cette délinquance plus ou moins organisée, et avec presqu'un millier d'habitants, gérée par des Conseils de quartiers, elle compte son lot de clans et de gangs.

Alors, on en revient à cette idée... garder ou non Christiania. Cette commune hallucinante où vivent ensemble hippies post-soixante-huitards, punks, écolos, délinquants, idéalistes, jeunes, vieux, enfants.

Christiania qui est une étape pour certains, une dérive pour d'autres, un rêve pour beaucoup.

Pour ma part, je pense que la possibilité même de Christiania est une chance. Et aussi un bel exemple de tolérance du reste de la communauté danoise, qui accepte que des gens vivent différemment tout près d'elle. Et c'est pour ça que j'espère que cet endroit perdurera. Mais je ne suis pas danois, et cela change beaucoup de choses.

Mais conscient de cela, je choisis tout de même de dire:

"Bevar Christiania"

"Gardez Christiania"

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